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Photo du rédacteurMarjo R. Cosyra

Interview-canapé de Guillaume Lebigot, auteur de « Blind spot » et passionné de culture japonaise



Bonjour à tous, et bienvenue sur ce nouvel article. Retrouvez ci-dessous la version écrite de l'interview de Guillaume Lebigot, auteur de la trilogie « Blin Spot » et passionné de culture japonaise. Bonne lecture !

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🟣 Marjo : Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Je ne suis pas seule, je suis sur un canapé et il y a quelqu’un à côté de moi : Guillaume, autour d’une trilogie qui s’appelle « Blind Spot ». Du coup, on va commencer, Guillaume tu vas te présenter.

Guillaume : Je m’appelle Guillaume Lebigot, je suis l’auteur de « Blind Spot », j’ai 38 ans et je fais pas mal de trucs autour, je ne suis pas écrivain de métier. Je vis à Nantes et j’ai invité Marjolaine et son caméraman. * rire *

Marjo : Son technicien ! *rire *

Guillaume : Son technicien, caméraman… Caméraman, j’aime bien, ça fait plus professionnel.


🟣 Marjo : Que peux-tu nous dire sur « Blind Spot » ? De quoi ça parle et d’où te vient l’idée ?

Guillaume : En fait, je suis malvoyant. En 2006, je suis allé au Japon avec des amis et je me suis fait une réflexion pendant le voyage : comment les gens qui voient comme moi font pour se balader au Japon ? Pour vivre là-bas, dans Tokyo ? Et comme j’écrivais des fanfictions avant, je me suis dit que c’était le moment idéal pour faire mon propre univers, créer mes propres personnages, écrire ma propre histoire, sortir de ma zone de confort.

J’ai réfléchi, pendant le voyage au personnage d’Ayako.

Je voulais faire un truc qui se passe au Japon et avec une Japonaise donc j’ai commencé à réfléchir à pas mal de trucs ; à ses amis et tout ça, où est-ce qu’elle pourrait vivre ?

Trilogie « Blind Spot »
Trilogie « Blind Spot »

Du coup, avec les amis qui étaient avec moi sur place, on a commencé à aller voir des quartiers d’habitations, parce que souvent, quand tu vas au Japon, tu vas là où il y a les magasins, les trucs à voir, mais tu vas rarement te balader dans des lotissements ou des trucs comme ça, pour voir les maisons, regarder à combien de temps la gare est à pied, où sont les écoles les plus proches, tu vois, ce genre de choses.



🟣 Marjo : De quoi parle concrètement « Blind Spot » ?

Guillaume : « Blind Spot », c’est l’histoire d’Ayako Suzumiya, une jeune fille qui rentre au lycée et qui est malvoyante.

C’est un roman tranche de vie, il n’y a pas d’intrigue spectaculaire, d'antagonisme ou de choses comme ça, mais on va suivre la vie d’Ayako au fur et à mesure des chapitres, à différentes étapes de sa vie, comment son handicap va gener ses projets où va plutôt l’aider, comment elle s’en sort dans son quotidien.


🟣 Marjo : Parler d’une étudiante japonaise malvoyante, c’était aussi une façon pour toi de parler de la culture japonaise ? Clairement, tu aurais pu faire « l'équivalent » en France mais ce n’était pas du tout le but. Là, le but, ce n’est pas de parler de handicap, mais de parler du Japon, de la vie au Japon, etc ?

Guillaume : C’est ça. On m’a déjà posé la question pleine de fois : pourquoi tu n’as pas fait ça en France ?

Marjo : Tu m’étonnes, c’est la question facile ! * rire *

Guillaume : Non, mais c’est une question intéressante, mais le truc, c’est que j’adore la culture japonaise. Parce que c’est une culture que j’aime beaucoup et j’aime beaucoup écrire des personnages japonais. J’aime beaucoup la culture, oui, je voulais la faire partager aussi et essayer de rendre ça accessible, justement, à des gens qui ne comprennent pas trop. Et comme c’est raconter du point de vue d’Ayako, il fallait faire en sorte qu’Ayako explique, des fois, certaines coutumes japonaises sans que ça transpire qu’elle s’adresse au lecteur.


🟣 Marjo : Est-ce qu’il y a une grosse différence sur la perception du handicap au Japon et en France, toi qui as été au Japon ? Parce que le personnage dAyako, clairement, il est intégré à une classe qu’on dirait par chez nous « ordinaire », c’est de l’inclusion scolaire, mais est-ce que c’est coutumier au Japon ? Comment ça se passe ?

Guillaume : Oui, ça arrive au Japon. Après, c’est comme chez nous, il y aussi des parents et des enseignants qui préfèrent mettre les enfants handicapés entre eux.

C’est compliqué parce que le Japon n’aime pas trop ce qui sort des sentiers battus. Je ne l’ai pas trop fait ressortir dans « Blind Spot », ce qu’on appelle l’Ijime, les brimades que les élèves reçoivent jusqu'à parfois les pousser au suicide. C’est un sujet très grave de société au Japon. C’est un sujet que je n’ai pas trop abordé dans « Blind Spot », un petit peu a un moment, mais je ne voulais pas que ça soit sur ça, et c’est un énorme cliché des histoires japonaises, c’est un truc que je n’aime pas moi-même. Je n'essaye pas de masquer le fait que ça n'existe pas, la preuve, j’en parle.

Ayako debout derrière son bureau de lycéenne
Ayako debout derrière son bureau de lycéenne

Marjo : Oui, oui, il y a quand même des trucs où tu te dis que le personnage d’Ayako se fait embêter en classe parce qu’elle a un ordinateur du coup, c’est forcément la chouchoeutte des profs, mais ce sont aussi des trucs qu’en tant que français ont à déjà eu.

Guillaume : Bien sûr, mais au Japon, ça peut être particulièrement violent les brimades : on te frappe, on te pique tes affaires, c’est un truc de taré.

Globalement, c’est une classe ordinaire. On ne la montre pas comme étant hyper spéciale, c’est une élève parmi tant d’autres.

Je pense que c’est important que les élèves handicapés évoluent dans une classe normale. Parce que, déjà, eux, ça leur permet d’évoluer avec, justement, d’autres élèves normaux, valides, voyants tout ce qu’on veut… Et ça permet aux autres de se rendre compte qu’il y a des personnes handicapées qui ont besoin d’aide, ou parfois ils sont comme d’autres, tout aussi normaux qu’eux, et ça permet de se rendre compte de ce genre de choses.

Finalement, en confinent les élèves dans des classes spécialisées ou des choses comme ça, on les enferme dans des bulles, je trouve.

Dans « Blind Spot », globalement, Ayako est plutôt bien traitée par son entourage.

Marjo : En fait, c’est plus une tranche de vie, on ne s'attarde pas sur le harcèlement ou quelque chose en particulier, c’est vraiment plus global. Du coup, tu abordes plus de thèmes.

Guillaume : C’est ça. Et pour moi, ça laissait plus de place à d’autres sujets intéressants au niveau du handicap : quand elle sort dans la rue, comment elle se dirige, ce genre de chose, comment elle voit le fait d’avoir une canne blanche… Pour moi, ça laissait plus de place à ce genre de choses.

Marjo : Du coup, c’est ça aussi qui est intéressant et je trouve que c’est une qualité, tu n’as pas pris un personnage qui était totalement non-voyant, tu t’es mis en danger, tu as pris l’entre-deux, le petit statut comme tu dis dans ce roman…

Guillaume : Le statut batard.

Marjo : Et c’est vrai que les gens ont beaucoup de mal à visualiser la « malvoyance », je ne sais même pas si ça se dit la « malvoyance »…

Guillaume : Oui, on peut dire ça, je pense.

Marjo : Parce que c’est tellement varié d’une personne à l’autre.

Guillaume : Chacun a des problèmes de vue très différents. Du coup, j’ai voulu montrer qu’il n’y avait pas que les brimades, que les soucis à l’école et tout ça. La malvoyance, c’est un statut un peu batard. Et puis, les personnages aveugles on en voit téllemnet dans la fiction.


« Finalement, en confinent les élèves dans des classes spécialisées ou des choses comme ça, on les enferme dans des bulles, je trouve. »

🟣 Marjo : le personnage d’Ayako a une grande soeur, Myuki, et ‘est vrai que pour en avoir discuté avec des parents d’enfants handicapés, on ne parle pas beaucoup des fratries, mais ça a vraiment un impact sur les grands frères, les petits frères, etc. Quand il y a un enfant handicapé, ça les implique là-dedans malgré eux. Ils peuvent en « pâtir ». Là, on voit dans le personnage de Myuki qui est très protecteur envers sa soeur mais qui est vraiment bourrin aussi et qui le montre très mal.

Guillaume : Oui, qui le montre très mal, mais il y a toujours des personnages un peu comme ça, qui ne savent pas s’exprimer correctement. C’est toujours difficile à écrire en plus, parce que, moi, je suis quelqu’un qui dit ce que je pense. Mais pour Myuki, oui, il fallait réussir à montrer quelque chose ou effectivement il y a des sentiments latents mais elle ne sait pas trop comment les exprimer, tout ça. Mais oui, effectivement, comme tu l’as dit, elle est très protectrice de sa soeur.

Ayako réconfortée par sa maman
Ayako réconfortée par sa maman

C’est vrai qu’en général, quand il y a un personnage handicapé, on pense souvent aux parents d’abord, et même les parents, des fois, on ne s’attarde pas trop sur ce qu’ils pourraient ressentir. On s’arrête encore moins sur la fratrie, oui. C’est un sujet qui est intéressant.

Marjo : Pareil pour les parents, je ne crois pas que tu développes beaucoup, les parents ?

Guillaume : Le père, pas trop. C’est vrai que c’est un personnage qui est un peu absent dans « Blind Spot », mais bon, il ramène de l’argent à la maison… * rire * C’est un bon père japonais !

Marjo : C’est ça ! J’allais le dire dire : le papa japonais !

Guillaume : C’est un bon père japonais. Des fois, il donne son avis quand même. On voit beaucoup plus la mère d’Ayako. On ne va pas spoller, mais il y a un passage où elles ont une discussion mère-fille dans le dernier tome où, effectivement, on a un peu plus de visibilité sur ce que la mère d’Ayako ressent.


🟣 Marjo : On suit Ayako du lycée au début de sa vie professionnelle, jusqu'aux, plutôt, déclic de sa vie professionnelle. Du coup, je me posais la question, comment est intégré le handicap, au Japon, dans le milieu du travail ? Est-ce qu’il y a des choses qui sont mis en place comme en France où on a des quotas, que personne ne respecte, ce genre de choses ?

Guillaume : Ça je t’avoue..

Marjo : Tu ne sais pas ?

Guillaume : Je ne sais pas. Je ne suis pas allé chercher aussi loin.

Marjo : De ce que tu en sais, c’est « simple », enfin, ce n’est jamais simple, mais le milieu du travail est accessible au Japon pour les déficients visuels ou c’est un peu compliqué ?

Guillaume : C’est comme tout, en fait. Il doit y avoir ce qu’il faut. Le Japon reste quand même un pays civilisé mine de rien, malgré qu’on les voit se balader en sandales, dans des temples et tout ça. Non je plaisante !

Oui, il y a quand même de l’aide et des gens qui sont relativement compréhensifs, mais je ne suis pas aller chercher assez loin si tu veux, parce qu’en fait, je voulais parler d'un boulot qui me plaît, c’est-à-dire le doublage, et je me suis dit que pour Ayako ça serait le plus simple à explorer.

Marjo : C’est rigolo d’ailleurs le doublage, comment tu l’expliques : j’ai l’impression qu’ils ne travaillent pas pareils qu’en France.

Guillaume : Ah, non, zéro pareil !

Marjo : Ils sont moins bêtes, j’ai l’impression, parce que nous, on s’acharne à essayer de faire coller des voix sur des images déjà faites… Tu me diras, ce sont eux qui les produisent aussi, donc ce n’est pas encore le même délire… Ils ont l’air d’enregistrer les voix et après ils animent, c’est ça ?

Guillaume : En fait, le doublage chez nous, il y a une bande rythmo qui passe avec, tu sais, les paroles écrites au moment où il faut les dires. Au Japon, en fait, c’est très, très différent. On fille un script aux doubleurs avant qu'ils viennent à la séance d’enregistrement, donc ils doivent le relire et l’apprendre par coeur, ce sont des comédiens, ils doivent réciter le script devant des micros, et ils ont ce qu’ohnappelle, pour les dessins animés, parce que pour les films c’est totalement différent, mais pour les dessins animés, souvent, ils sont en cours de production pendant qu’ils font le doublage et ils ne sont pas terminés. Des fois, les studios sont à la bourre donc c’est…

Marjo : C’est le storyboard ?

Guillaume : Ce n’est pas un storyboard, c’est ce qu'on appelle un animatrix, ce n’est pas coloré et les perso ne sont pas animés. Oui, tu as une sorte de storyboard qui défile et tu as une pastille noire qui s’illumine en rouge sur la bouche du personnage quand c’est à lui de parler pour que les doubleurs sachent quand c’est à eux de parler. Et c’est vrai que pour Ayako, ce n’est pas évident.

Là-bas, justement, j’ai visité un studio d’enregistrement de doublage et j’ai assisté à une séance de doublage.

Souvent, les doubleurs ont leur script à la main.

Marjo : Sur un pupitre ?

Guillaume : Non , ils ont leur cript à la main, souvent. Parce qu’en fait, ce qui se passe, c’est qu’ils font l’épisode en un coup. Tu as tous les doubleurs de l’épisode qui sont là, qui sont assis sur des bancs, des fauteuils, et ils se lèvent quand c’est leur tour, il y a généralement trois ou quatre micros et ils se relaient au micro selon les scènes pour faire le doublage. Donc ce n’est vraiment pas évident.

Marjo : C’est comme du papier à musique ?

Guillaume : Oui, c’est ça. Ils savent que c'est leur tour à tel moment parce que machin a telle réplique, donc il faut rester concentrer, ils faut se lever quand c’est son tour. En général, ils essaient, pour gagner du temps, d’enregistrer l’épisode en une prise maxi. Après, ils disent : on a fini, on va juste garder telle personne, telle personne, telle personne, parce qu’on a besoin de refaire telle prise.


🟣 Marjo : Tu as des exemples de doubleurs ou doubleuses qui sont déficients visuels et qui fonctionnent plutôt bien ?

Guillaume : Alors, j’ai posé la question justement, parce que j’ai rencontré, pendant mes voyages au Japon pour « Blind Spot », un directeur du doublage de l’agence Atomik Monkey qui m’a dit : « C’est vrai, je ne connais pas de doubleur malvoyant ou même aveugle dans le métier » , et il m’a dit : « Mais ça serait super qu’on en ait ! » Quand j’ai vu comment se passait un doublage, je lui ai donné mes impressions : « Bah, voilà, là ça va être difficile pour mon héroïne, elle va avoir du mal à fait ça… » , et il m’a dit : « Et si on s’arrangeait pour lui envoyer le script ? » lui il pensait au braille, parce que tout le monde pense au braille… Le braille, j’en ai fait une année et j’ai oublié comment ça se fait.

Marjo : Alors, le A, le B, c’est bon ?

Guillaume : Oui, A et B ça va, exactement !

Donc je lui ai expliqué et il m’a dit : « Oui, effectivement… », mais ça serait difficile, parce que, le problème, au Japon, c’est pour faire bouger les choses, il faut se lever tôt.

Marjo : Je pense que ce n’est pas qu’au Japon ! * rire *

Guillaume : Ouais, mais au Japon, ils ont une culture de l’immobilisme, ils aiment bien ça.

Marjo : Donc, du coup, il n’y a pas d'Ayako dans la vraie vie…

Guillaume : Non, malheureusement.

Marjo : Pas encore, qui sait ? Ça va peut-être germer ?

Guillaume : Après, il ne faut pas oublier que « Blind Spot » reste un roman et qui dit roman dit qu’il y a des choses romancées, tu vois que forcément, il y a des choses, c’est magique.

Marjo : Ah, bah, elle a beaucoup de chance dans sa carrière Ayako ! Elle fait trois castings, c’est bon, c’est le bon !

Guillaume : Mais oui ! Mais tu vois, évidemment que dans la vraie vie ça ne se passe pas comme ça. Ce n’est pas aussi rose dans la vraie vie. Mais quand on lit un livre, moi j’estime, que c’est pour s’évader un peu, pour voir des choses qui nous font plaisir. Moi, j'aime écrire des histoires où il se passe des choses bien, tout ça : je ne suis pas venu là pour souffrir !

Marjo : Dison que ça aurait été bête de dire qu’elle a raté tous ses castings elle qu’elle finit par vendre des bouquins dans sa petite boutique.

Guillaume : Exactement ce que tu dis… Ça aurait été débile. Les gens m’auraient dit : « mais, pourquoi ? »

Marjo : Pourquoi ? Bah, c’est la vraie vie, figure-toi ! Mais, on s’en fiche, la vraie vie, on la vit déjà !

Guillaume : et ça donne un message d’espoir, c’est bien. C’est important je trouve.


« Après, il ne faut pas oublier que « Blind Spot » reste un roman et qui dit roman dit qu’il y a des choses romancées... »


🟣 Marjo : Et du coup, tu as prévu des suites ? Qu’est-ce que tu as prévu ? « Blind Spot » va revenir ?

Guillaume : Non. Malheureusement, je pense que là, c’est fini, niet, tout ça. Après, il n’est pas impossible qu’on revoie Ayako ailleurs. Dans « Eternity », il y a un chapitre, par exemple, c n‘est pas un spoll majeur… Il y a un chapitre, par exemple ou ils vont voir un concert d’idoles. Pour expliquer, les idoles, ce sont des starlettes au Japon, des starlettes éphémères la plupart du temps? qui font de la pub, qui utilisent leur voix ou qui font des spectacles, des choses comme ça, et il y a un concert d’idole et on se rend compte que l'idole? c’est finalement la future nièce d’Ayako. Ayako arrive dans la loge à un moment pour parler à sa nièce. Je ne donne jamais son prénom mais c’est sous-entendu que c’est elle. Elle est aveugle dans cette version d’elle-même, on ne la revoie pas après, c’est vraiment un caméo.

Marjo : Coucou ! Je suis là !

Guillaume : C’est ça !


🟣 Marjo : Comment a été accueilli « Blind Spot » ? Tu as eu des retours de lecteurs ?

Guillaume : Oui ! Globalement, ça a été très, très bien accueilli. Tous les gens auxquels j’ai pu parler après ont trouvé ça vraiment bien, étaient très content de l’avoir lu, ça leur a appris des choses qui étaient très bien. C’est en partie pour ça que j’avais écrit l’histoire. C’est vraiment sympa d’avoir des retours. Moi j’adore les retours, mais même négatifs.

Marjo : C’est important, oui.

Guillaume : Ce n’est pas facile d’en avoir mine de rien. Parce que même les pré lecteurs, des fois tu leur dis : « Qu’est ce que tu en as pensé ? — Bah c’était bien ! »

Le seul avis un peu critique, c’est un ami qui m’a dit que ça manquait de style, mais c’est parce que lui, il aime beaucoup lire les auteurs qui font toujours des phrases un peu compliquées, alambiquées, tout ça, pour arriver à leurs fins et qui mettent vraiment beaucoup plus de passion, enfin, plus de passion, non c’est faux, mais qui mettent beaucoup plus d’efforts que moi. Moi, quand j’écris, j’aime bien que ça sorte d’une traite. Je travaille, évidemment ce que j’écris parce que tu n’es jamais content à 100 % de ce que tu fais. Moi, j’aime bien quand c’est direct et que ça va au but et que tu ne passes pas une page entière à décrire une scène.

Marjo : « Le Seigneur des anneaux » ? * rire *

Guillaume : Pourquoi tout le monde me sort cet exemple ?!


🟣 Marjo : Du coup, on va enchaîner sur cette fameuse question. Les gens ne connaissent paS forcément le monde de l’édition. Comment c’est venu d’éditer ? Tu as eu l’idée, tu l’as écrit, tu as travaillé, tu t’es surement relu un nombre de fois inimaginables…

Guillaume : Et comment j’en suis arrivé à éditer ?

Marjo : Ouais, voilà ! Pourquoi, déja, tu as eu envis d’éditer ? Est-ce qu’il y a eu cette envie ou on est venus te voir ? Comment ça a fonctionné ?

Guillaume : Alors, moi, comme je le disais, j’ai fait beaucoup de fanfictions, donc j'étais habitué à « l'autoédition » sur un site web à la con, un site web perso, à l’époque c’était les pages perso, maintenant ça n’existe plus les pages personnelles.

Marjo : Dis-toi qu’on est dans des années 2020. Tu imagines ?

Guillaume : P*tain, la vache, ça fait mal !

Pour « Blind Spot », j’avais un site web exprès pour ça, c’était un blog finalement, où je publiais les chapitres les uns après les autres.

À un moment, j’avais mis « Blind Spot » plus ou moins en pause parce que, comme je te l’expliquais, j’étais président de l’association « Brigade SOS Francophone » qui maintenant a été dissoute, mais ça m'occupe pas mal de mon temps libre puisque j’ai un boulot à côté et je ne pouvais pas écrire comme je voulais.

Logo de la maison d'éditions Univers Partagés
Logo de la maison d'éditions Univers Partagés

Et à un moment, il y a mon amie Rosalice, justement, qui a une maison d’édition associative qui s’appelle « Univers Partagés » qui déjà éditait deux ou trois recueils d'images, d’illustrations, des choses comme ça, qui est venue me voir et qui m’a dit : « bah, écoute, ça te dirait de sortir « Blind Spot », j’ai un truc à te proposer. »

Et là, j’ai fait banco !

C’est à partir de 2013 qu’on a décidé ça, que j’ai fini d’écrire, parce que ce n'était pas fini, que je me suis relus 500 fois, que j’ai faits relire 500 fois à d’autres personnes.

Marjo : Au point d’en vomir « Blind Spot », j’en ai marre !

Guillaume : Non, ça va encore, ça va. Aujourd’hui, il faudrait que je le relise d’ailleurs. Aujourd’hui, j’en suis très fier de « Blind Spot », au niveau écriture.

J’ai laissé Rosalice faire, parce que c’était son rôle d'éditrice.

On a sorti le bouquin en mai 2014, le premier tome et on a enchaîné parce que tout était près.

Marjo : Ouais, les tomes sont sortis très vite.

Guillaume : Oui, parce que tout était près, et puis on voulait profiter des sorties pour que les gens aient la suite rapidement.

Marjo : Oui, quand tu as deux ans entre chaque bouquin..

Guillaume : Oui, les gens perdent de leur intérêt, oublient d’acheter la suite. Et comme j’avais déjà tout de près…

Je déteste par dessus tous ces histoires qui ne se terminent pas.

Marjo : Il partit loin et, bah, il se passe quoi ?

Guillaume : Oui!, c’est ça ! Ou qui parte trop loin et qui n’ont pas de vision claire sur là où ils veulent aller.

Je n’aime pas du tout, en général les mangas, les histoires japonaises, d’animés ou de light novels, mais ça marche comme ça. Comme ils sont édités à la semaine dans les magazines de prépublication, ils sont obligés de continuer jusqu’a ce que mort s’ensuive. Et puis, on va leur dire : « Ta série, elle s’arrête dans trois chapitres, elle n’a pas eu assez de popularité,il faut laisser de la place à d’autres histoires dans le magazine de prépublication. » et du coup, l’auteur, il est là, comme un con : « Bah, comment je finis mon histoire en trois chapitres ? » C’est le problème. C’est le problème de l’édition au Japon qui est comme ça.


🟣 Marjo : Je voulais te poser cette question : tu as quoi comme projets maintenant, vu que tu as fini avec « Blind Spot » ? Tu as « Eternity » mais tu fais d’autres choses, en vrai, tu fais plein de choses, alors vas-y, n’hésite pas, parle nous en !

Guillaume : Par quoi je commence ?

Couverture de « Eternity »
Couverture de « Eternity »

Il y a « Eternity » qui est un autre light Novel que j’écris en ce moment à mes heures perdues, qui raconte l’histoire d’un androïde qui va habiter chez un couple de scientifiques, toujours au Japon. J’ai voulu sortir de ma zone de confort, encore une fois, parce que je voulais faire un truc avec une vraie intrigue. Donc, il y a une histoire, des antagonistes, des mystères, on ne sait pas pourquoi Nanami, donc l’héroïne, est là, qu’est-ce qu'elle vient faire, pourquoi spécifiquement chez un couple de jeunes scientifiques, ce genre de choses. C’est en cours d’écriture.

Comme je disais, il y a peut-être un éditeur qui va le récupérer, mais pour le moment, il n’y a rien qui est fait.

Je travaille sur un projet communautaire de karaoké qui s’appelle « Karaoke Mugen. »

Marjo : Ça, c’est un point commun que tu as avec Ayako, le karaoké.

Guillaume : Oui, le karaoké c’est cool.

C’est un projet que je fais avec quelques amis. Comme c’est un truc open source, libre, chaque personne qui peut participer au projet peut rajouter sa pierre, ce n’est pas contrôlé par une poignée de personnes, chacun amène ses trucs et puis ça fait des Chocapics !

Et donc, c’est une base de données de karaoké et un logiciel qui permet d’organiser vos soirées karaoké.

Je suis de loin parce que je ne suis pas très, très présent, l’association « Nijikai » qui fait des conventions qui s’appellent Jonetsu qui parlent de l'animation japonaise par des fans de l’animation japonaise. On est là pour parler des métiers de l’animation et dû magna. C’est une convention qui a lieu une fois par an. La prochaine, elle va être les 4 et 5 avril à Bourg-La-Reine dans la région parisienne.

Je travaille aussi avec une association qui s’appelle« Forum Thalie » qui fait des animations en convention, et moi ce que j’y fais, parce que je fais rarement des animations en convention avec mon handicap ce n'est pas évident, moi par contre, ce que je fais c’est que je vais dans des médiathèques et je propose des projections d’animés pour les enfants. On travaille avec l’éditeur d’animés « Crunchyroll ».

Et puis, a part ça, c’est déjà pas mal !

Ouais, je fais des petits trucs à droite à gauche.

Marjo : Tu fais beaucoup trop de choses.

Guillaume : Ouais, mais moi, je suis quelqu’un qui aime bien être actif, justement, c’est un truc qui est bien quand on est célibataire, c’est qu’on a le temps

Marjo : Tu m’étonnes ! * rire *

Guillaume : On a le temps de faire ce genre de choses !

Marjo : Non, mais c’est bien parce que moi, j’ai beaucoup de gens, vu que je parle de handicap, qui me disent : je suis handicapé, je suis chez moi, je m’ennuie, je n’ai pas de travail, je n’ai pas ceci, je n’ai pas cela, et j’ai l'impression que, déjà, le handicap c’est quand même une petite barrière..

Guillaume : Oui, c’est une barrière.

Marjo : Mais beaucoup de gens s’enferment encore plus, se mettent des barrières, des trucs infranchissables et s’enferment.

Guillaume : On est tous responsables. Je vais te faire une confiance, jusqu'à récemment, je ne prenais absolument pas le bus, mais maintenant, tu as des applications, par exemple moi j’ai « Transit » sur mon téléphone qui m’indique quand les bus passent, visuellement, et qui me dit : si tu veux aller de là à là, tu prends tel bus, tel bus, tu attends là à tel bus, un vrai parcours.

Marjo : J’allais dire que ça te fait le programme mais c’est plus clair que les petits dépliants.

Guillaume : Oui, exactement.

C’est un truc que je constate aussi pour les rares personnes handicapées que je connais, mais j'ai du mal à leur donner tort parce que je comprends que ça fasse peur.

Marjo : Ah, ça fait peur, mais je l’ai déjà dit cash dans une vidéo, mettez-vous un bon coup de pied au cul, et j’ai eu deux réactions : des gens qui m’ont dit : « ouais, tu as raison, c’est bien, tu m’as motivé ! » ou je me suis fait tacler ! C’était évident * rire *

Guillaume : Oui, mais bon, il y a des gens qui n’aiment pas qu’on leur énonce qu’ils ont torts et qui n’aiment pas qu’on leur énonce des vérités auxquelles ils n'adhèrent pas. Chaque personne est unique de toute façon, chaque handicap est unique.

De toute façon, à partir du moment où j’ai eu internet ça m’a ouvert des horizons mais alors… Moi, mes parents, au début, ils étaient très spécifiques avec internet et ça leur coûtait cher. Par internet, j’ai rencontré des tas de gens incroyables qui m’ont permis de m’épanouir, il y en a avec qui je suis parti au Japon, ils y en a que j’ai mariés.

Ça m’a ouvert des horizons incroyables et je pense que sans internet, aujourd’hui, je n’aurais pas rencontré Rosalice, je n’aurais pas tout ceci, cela, et je pense que sans internet, aujourd’hui, je serais encore coincé dans ma région à… Je ne sais pas ce que je ferais !


« Chaque personne est unique de toute façon, chaque handicap est unique. »

🟪 Maro : Comment clôturons nous cette vidéo ? Tu as un mot de a fin ?

Guillaume : Crêpe !


Nous clôturons donc sur « crêpe » ! Tous les liens sont dans la description de cette vidéo, pour retrouver « Blind Spot » et le divers associations de Guillaume.

A bientôt dans de nouvelle vidéo!

Guillaume : Talto !


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